passe le dimanche

Je me réveille à six heures, arrive à me rendormir et rouvre les yeux vers huit heures. Chamade ronronne paisiblement, c'est dimanche, il fait beau et la neige qui s'accroche encore sur les toits des voitures et plisse sur les pare-brises scintille, je suis encore, toujours fatiguée. Allez hop debout, café et bain en lisant.
La flemme immense de m'épiler les jambes et sous les bras, de me maquiller, de tenter de remettre une mèche folle qui pointe au dessus de ma tête, en ordre. Je me traîne.
Plus j'avance dans la matinée, plus je suis épuisée, épuisée au point de m'inquiéter.
A midi je dois m'assoir brusquement alors que je fais le repas. Je vais tomber dans les pommes, et puis non.
Nous déjeunons, je m'endors presque, je suis nauséeuse, je suis é-pui-sée.
Alors je prends ma tension, normale, mais le signe d'une arythmie clignote. Je m'allonge et reste un petit quart d'heure pour voir si cela passe, JP et Chamade sont inquiets.
A quinze heures, toujours dans les choux, JP décide de m'amener aux urgences, nous partons pour Findrol et je somnole, dehors les Alpes sont blanches et rayonnantes.
A l'infirmière j'explique cette fatigue incommensurable, cette brusque faiblesse, ces nausées, cette anxiété qui ne me quitte pas depuis cette nuit. Munie de mon bracelet rouge identifiant je rejoins JP dans une des salles d'attente, un téléviseur déverse un "documentaire" TF1 sur les familles nombreuses, nous sommes seuls. Pub, pub, pub, JP éteint l'écran. A peine au calme, arrive un jeune homme qui rallume la pub. Nous sortons, attendons dans l'entrée où défilent les futurs patients. Pieds et poignet foulés, mal au dos, rien comme moi de visible, je ferme les yeux, les heures passent.
Vers dix huit heures on vient me chercher, je dois me déshabiller, mettre une blouse à petite fleurs bleues, m'allonger sous un drap, j'attends (mon poil aux pattes ma mèche folle, je m'en fiche tellement). Des infirmières défilent, rangent des couvertures, cherchent des draps, rangent des meubles à roulettes, j'attends, je ferme les yeux.
Puis le médecin vient, s'assoit, m'interroge.
Alors ? Qu'est ce qui m'amène ?
Je lui dis que je suis épuisée - Oui me dit-il, nous le sommes tous et son sourire en est l'image.
Il m'ausculte, attentif, l'arythmie pourrait expliquer bien des symptômes qui me fatiguent la vie ces derniers temps, mais là, l'electro-cardiogramme est normal, je peux repartir.
Il est un peu plus de dix neuf heures, je retrouve JP et nous quittons le CHAL dans le noir, la lune est ronde et blanche.
J'ai une prise de sang à faire, un rendez-vous à prendre chez le cardiologue.
C'est sûr que si je dois retourner aux urgences, ce ne sera qu'après avoir eu mon infarctus !